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la fortune de m. fouque

visites au cercle. Il entrait, escorté de Ferrand, saluait de droite et de gauche. Puis, au milieu d’un silence flatteur, il daignait exprimer à ses collègues, en quelques mots très nets, son avis sur les choses du jour, sur la politique extérieure. Puis il s’en allait.

Bientôt il conçut l’idée de se composer un salon. Sa situation du reste le lui prescrivait. Il choisit le mercredi. Ses réceptions ne tardèrent pas à rassembler les personnes les plus distinguées et les plus riches de la contrée. Il présidait avec entrain, improvisait parfois de petites sauteries et, dans les quadrilles, exécutait des « cavalier seul » qui égayaient fort la société.

M. Fouque avait enfin réalisé tous ses rêves. Il dominait sa femme et dirigeait son intérieur. Il possédait au dehors une réelle influence qui s’exerçait même dans les conseils départementaux. Partout on l’écoutait, on le consultait. Il donna de l’extension à ses affaires particulières, augmenta le nombre de ses ouvriers, fut chargé de construire toutes les nouvelles écoles du canton, et doubla le chiffre de sa fortune par des opérations habiles et une activité dévorante.