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Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/94

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mon amie, madame rollet

bourse. Ces messieurs, des industriels, des commerçants, des commis-voyageurs, des agriculteurs de la région, encombraient le promenoir et accompagnaient de leurs cris et de leurs rires les refrains des chanteurs comiques.

Au milieu grouillait le demi-monde rouennais, un ramassis de filles laides et disgracieuses, vêtues de robes et de chapeaux démodés.

M. de Crochemont constata leur tenue correcte et bégueule. Elles s’en allaient deux à deux, regardaient les hommes avec des airs de mépris, ne permettaient pas qu’on les touchât et s’offusquaient des mots grivois qu’on leur lançait.

Ces manières distinguées en imposaient à Gaspard, et lorsque ses amis parlaient à l’une de ces femmes, il s’éloignait par timidité.

Cependant il se laissa présenter à une grande blonde qui s’étalait au fond d’une loge. Celle-là lui plaisait, il n’eût su dire pourquoi, comme vous plaisent certaines femmes ni belles ni laides, chez qui l’on ne remarque rien de particulièrement séduisant, et qui néanmoins, par quelque affinité mystérieuse, par quelque sortilège impuissant sur d’autres, vous attirent et vous gardent une heure, une nuit, des années, la vie