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mon amie, madame rollet

entière parfois, sans qu’on puisse s’expliquer la nature de leur charme.

Il lui offrit une consommation. Elle accepta sans façon, et ils se rendirent au jardin d’hiver. Tout de suite il fut à son aise. On entendait les valses lentes de l’orchestre, près d’eux un jet d’eau ruisselait sur le corps d’une naïade, et cette solitude, à quelques pas du vacarme de la salle, les réunissait dans une sorte d’intimité. Ils échangèrent des confidences. Il raconta sa vie, son mariage, la mort de sa femme, les tracas qui lui provenaient de son fils.

Elle, tout étonnée, s’écria :

— Comment ! Vous avez un fils ? Quel âge a-t-il ?

— Cinq ans.

— C’est drôle, juste comme ma Juliette.

— Qui, Juliette ?

— Mais ma fille.

Cette coïncidence les rapprocha et ils s’entretinrent de leurs enfants. Roger allait à l’école depuis, six mois, il promettait d’être un garçon sérieux et travailleur. Quant à Juliette, on ne la poussait pas. Sa mère avait pour elle un plan d’éducation très précis : d’abord la vie de famille,