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tidiennes, le plus souvent furtives. Ils tremblaient à l’approche l’un de l’autre, dans l’espoir fou que l’un des deux céderait. Mais, au premier examen, ils constataient que les choses en étaient au même point. Chacun pensait de son côté.

Hélienne cependant s’acharnait après son rêve. D’ailleurs il souffrait trop de le sentir irréalisable pour ne pas s’insurger contre cette impossibilité. Échappant à l’influence directe de Bertrande, il ne se contentait plus d’un simple refus. Il en cherchait les motifs. Et s’il découvrait aisément tous ceux qui auraient dû la contraindre à se donner, comme la profondeur de son amour et l’indépendance qu’il lui supposait, il n’en voyait aucun qui expliquât sa conduite. Ne pouvait-elle rompre son engagement vis-à-vis de M. Berjole ? Il lui dit :

— Ce serait moins douloureux si je savais quelles raisons vous guident, Bertrande. Je vous aime assez pour m’incliner devant elles peut-être…

Elle fit un effort pour sortir du silence où elle cachait maintenant son chagrin. Et elle prononça :

— Mon pauvre Marc, elles n’auront pas de valeur à vos yeux.

Il insista. Elle répondit :

— Et mes deux vieux ? et tous les gens de Pornic ?… j’ai été élevée dans le pays… ils m’adorent tous… je suis une sainte pour eux.

Il fut prêt à lui jeter :

— Ils ne sauraient pas…