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Aussi s’autorisa-t-il des méditations coupables. Il cherchait. Des plans obtinrent son suffrage, comme celui-ci : la tentation qu’il avait subie dans la vallée de Barentin, quelque mauvais gars au courant des habitudes du vieux pouvait y succomber. Qui l’empêchait, lui, de susciter ce mauvais gars et d’armer sa main ?

Il fréquenta les cabarets et but avec les paysans. Mais auquel s’adresser ? Il étudia les physionomies, la forme des crânes et des pouces, enfin tout ce qui dénote chez l’individu des propensions au mal. Aucun ne réunit les conditions exigées. Puis le manque d’argent et les soucis d’une complicité l’arrêtèrent.

D’autres stratagèmes furent tour à tour élus et abandonnés. Il ne se rebutait point. Une exaltation morbide le soutenait. Au cours d’insomnies, les projets s’enchevêtraient, impraticables et compromettants. Époque sombre dont le souvenir resta toujours douloureux en sa mémoire.

Elle se termina d’un coup. Une fois encore, son père, le croyant sorti, négligea de fermer la porte de sa chambre. Marc s’y faufila pour feuilleter à nouveau le précieux livre de comptes. Mais sur la commode, ses yeux remarquèrent le tas des petits paquets pharmaceutiques que M. Hélienne s’administrait quotidiennement.

Et une quiétude immédiate l’envahit. Il savait comment supprimer le vieux, discrètement, silencieusement, sans danger, ni crainte de remords.