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La vie de dehors se suspendit. Aniella frémissait, impatiente et craintive. Marc s’exerçait à dompter la révolte de sa chair.

Pourtant il perçut une sonnerie de clairon, second signal attendu. Et ainsi, à des intervalles choisis, il s’accorda des prétextes pour agir.

Les premiers temps, ils n’échangeaient que ces furtifs et simples baisers. Puis Marc les compliqua et Aniella s’y prêtait avidement. La savoureuse et friande bouche fondait sous les lèvres et peu à peu plus hardie, les aspirait et les enveloppait, douce fleur d’amour pâmée sous la caresse et qui déjà cherchait à l’éterniser.

Et le miel du baiser coulait en leurs veines. Et c’était un miel exquis et inconnu, fait de sucs étranges, imprégné d’aromes subtils, parfumé de jeunesse et de pureté.

Hélienne ne s’en lassait pas. Pour s’y griser, il revenait indéfiniment à la jolie fleur ! Pervers, il tournait d’abord à l’entour, comme en un parterre où pullule le butin de volupté. Il mordait à la pêche des joues. Il cueillait le charme du menton, des tempes et du front. Surtout les yeux l’attiraient. Quel délice d’emprisonner sous le voile des paupières émues ce regard d’enfant surprise et de le sentir palpiter comme un petit cœur qui bat !

En même temps, il augmentait ses conquêtes afin que son désir se ruât de tous côtés sans entraves. Trésor livré, la jeune fille embarrassait plutôt par la difficulté d’un choix dans la multitude des choses précieuses. Néanmoins, les richesses de la poitrine furent préférées.

Il n’y voulut point toucher au début, ni même les découvrir. Il les élut pour