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Page:Leblanc - L'Enthousiasme, 1901.djvu/166

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L’ENTHOUSIASME

mon droit à les avoir se fortifiait d’études et de réflexions, moins je cédais au besoin de m’en glorifier. J’avais passé cette période où l’on étaye sa conviction naissante à l’aide de paroles d’autant plus catégoriques. Une affirmation est comme un tuteur pour la pensée en train d’éclore. Mais un peu plus d’épanouissement vers ce que l’on croit être la vérité vous donne le désir du silence. Et l’on se tait par orgueil jusqu’au jour où l’on se taira par intelligence et par humilité.

Il me semble — tellement ont coïncidé le triomphe de mon amour et l’explosion subite de sensations et d’idées qui, sans doute, n’attendaient pour surgir, que la fin d’une lutte absorbante — il me semble que tout me vient de Geneviève. C’est depuis elle, n’est-ce pas ? que j’apprécie le charme du repos et du mouvement, de la rêverie et de l’action, des couleurs, des formes et des parfums. Si la bonté me trouble, c’est parce que Geneviève me fut miséricordieuse. Mes premiers tressaillements devant les spectacles de la nature sont du temps de nos étreintes. Et c’est en observant la grâce de ses seins et le sourire de ses lèvres que j’ai acquis la chose du monde la plus douce que je connaisse, le sens de l’admiration, par quoi se complète chacun de nos sens et se multiplient les contentements de notre esprit.

Il y a tant à admirer, les collines, les champs, les étoiles, l’harmonie des lignes, les vertus, les vices, la grandeur et la petitesse, la force et le génie !