organisais des scènes de débauche, que j’offrais de l’argent à une fille pour écrire des lettres anonymes et que j’en recevais d’une femme voilée par le canal d’un aubergiste des environs, et vingt autres accusations qui, toutes, bien qu’elles fussent inconciliables entre elles, ne faisaient qu’ajouter au fait principal de mon amour pour Mme Darzas.
Obsédée d’allusions et d’avis charitables, accablée de preuves si elle protestait, sommée de recourir à des mesures énergiques en une occurrence où toute mesure était vaine et stérile, mère ne trouva point d’autre issue que dans une rupture apparente avec moi. Le monde, ne nous voyant plus ensemble, la dégagerait alors de toute responsabilité.
Le monde ne l’entendit pas ainsi. Il redoubla ses attaques, donna plus de crédit aux calomnies qui me concernaient et en mit de nouvelles en circulation. N’étant plus couvert par l’autorité et le bon renom que valait à mère son admirable existence, je fus la proie et la bête noire de Saint-Jore.
Je n’exagère pas. Certes il serait puéril de prétendre que chacun des habitants s’employât à me perdre et poursuivit de propos délibéré une campagne de mensonges et de dénonciations. Mais cet être anonyme qu’est une ville de province, formé de cruautés éparses, de rancunes isolées, de haines sans cause, et aussi d’antipathies et de colères légitimes, cet être se posa résolument en ennemi. L’impression éprouvée en Angleterre,