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Page:Leblanc - L'Enthousiasme, 1901.djvu/26

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L’ENTHOUSIASME

facultés qui ne correspondent à rien dans la pratique et ne trouvent leur emploi dans aucune carrière ?

— Quoi que tu entreprennes, je suis sûre que tu arriveras, s’écriait mère, convaincue que les premières places dans le monde sont la récompense des places de premier au collège.

Quand on la complimentait sur moi, ses yeux se mouillaient de larmes.

— Je suis fière de Pascal, disait-elle.

Fierté légitime, car vraiment il ne se pouvait concevoir de fils plus caressant et plus docile. À dix-sept ans je réalisais, j’en ai la certitude, l’idéal que l’on s’efforce de composer avec chaque enfant. Il y eut en moi l’étoffe d’un jeune homme accompli. C’était visible, palpable, comme un bon échantillon où n’entrent que des matières de choix. Autour de ma nature inconnue s’en enroulait une autre, faite des convenances, des effrois et des cultes habituels. L’opinion des gens ne m’était point indifférente, et je savais comment on se la concilie et comment on se l’aliène. J’avais la science du bien et du mal, c’est-à-dire de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas.

Ainsi parvenons-nous au seuil de la vie, armés d’entraves.

— Vos enfants ne vous donneront que de l’agrément, disait-on à Lucienne.

Elle était en droit d’y compter. Si le milieu où nous avons grandi comprime jusqu’à l’étouffement,