de lui imposer le sacrifice de sa vraie nature ? As-tu le droit de l’emmener malgré elle ?
— Malgré elle !
— Oui, malgré elle, l’expérience est facile : renonce à ton projet, et nous verrons si c’est Geneviève qui te demandera de partir. Bien plus, abandonne-la, et je te réponds qu’elle ne fera pas un pas pour te revoir. Elle restera dans un coin, à pleurer et à attendre, elle sera horriblement malheureuse, mais le passé est là, l’éducation, l’habitude, le sens de ses instincts et de ses goûts.
— N’est-ce pas à moi de secouer tout cela ?
— Allons donc, tu sais bien que cela ne se change pas, et que vous n’êtes pas faits pour la même vie.
— On est toujours fait pour la même vie quand on s’aime.
— Tant que l’on s’aime, oui, mais après ? Après, tu continueras ta route, toi, comme si de rien n’était… et Geneviève ?
— Je l’aimerai toujours.
— Avec ton caractère, tu n’es pas encore d’âge à aimer toujours.
— Ah ! mère, lui dis-je, j’aimerais mieux que tout fût perdu et ne pas pouvoir agir. Tu m’as donné de l’espoir, et tu parles de ma raison et de ma conscience ! Suis-je en état de les écouter ?
— Quand les écouteras-tu, si tu ne les écoutes pas quand ton existence est en jeu ?
— Je n’ai pas la force de leur obéir.