le tête-à-tête me serrait la gorge et me brouillait les idées.
Nous passions les mauvais jours au salon, situation périlleuse et qui ne me laissait pas de repos, tellement je craignais le départ de ma mère et de ma sœur. Je n’avais d’autre ressource que de saisir un livre, préparé d’ailleurs à cet effet, et de me récrier sur la beauté de quelque passage.
— Comment ! vous ne connaissez pas cela ? mais c’est magnifique ! je vais vous le lire.
Et je lisais en toute hâte, galopant à travers les pages, la sueur au front, à bout de souffle. Une fois elle m’arrêta.
— Et des vers ? Vous m’en avez lu d’exquis, ici même, aux vacances de Pâques.
Je courus à ma chambre et revins d’un trait.
— Tenez, le volume n’a pas bougé de ma table.
Elle le prit et l’ouvrit. Et nous vîmes, entre les deux feuilles ouvertes, une grande fleur de lysséchée dont la blancheur se fondait, vers la tige des pétales, en nuances violettes.
— Oh ! Pascal, dit-elle.
Je me souvins. Cette fleur ornait son corsage le jour où je lisais ces vers. Elle l’avait perdue et vainement cherchée. C’était donc moi ? Comment ne m’étais-je jamais rappelé cette histoire, mon vol de la fleur tombée, mon trouble en l’étalant parmi les pages de mon poète favori ?
Je n’osais lever les yeux, quoiqu’un certain plai-