encore réussi, au retour, à signaler une odeur de réséda, un chant d’oiseau ?
Le lendemain on eût dit, à mon calme, que rien ne s’était passé de nouveau. Grand-père ayant fumé sa pipe, on nous laissa. Quelques minutes s’écoulèrent, et soudain l’attente me pénétra d’une telle anxiété que j’allais tomber à genoux et la supplier. Mais, comme la veille, lentement, elle s’inclina.
Je vécus dès lors de la vie de Geneviève, et je ne vivais plus quand je cessais de la voir. Le bruit de ses pas, le matin, annonçait ma résurrection quotidienne. « La voilà, la voilà, » disais-je à Claire comme à l’approche d’un spectacle miraculeux. Le sang abondait en mes veines. La pièce s’emplissait de lumière. Jusqu’à la fin du jour je demeurais en une extase si enivrante que pour la. prolonger, le soir, je me dissimulais parmi les arbres, sous les fenêtres de Geneviève. La petite clarté aperçue au travers des rideaux me soutenait d’un reste de vie. Tout s’éteignait, là-bas et en moi.
J’ai passé de la sorte bien des nuits dans la fraicheur des herbes et des feuilles. Qu’y attendais-je ? Rien. Telle heure sonnait au village, et je m’accordais la faveur de ne point bouger avant que sonnât la suivante.
Une fois j’eus la sensation d’une présence à mes côtés et d’une main sur mon front. Je m’étais endormi.
— Ah ! c’est vous, Geneviève, lui dis-je en l’appelant distraitement par son nom.