m’aime. Vous avez des yeux nouveaux, une bouche nouvelle, je les apprends.
Elle me sourit une fois si tendrement que je m’écriai :
— Ah ! votre sourire m’aime, je l’ai senti.
Je prenais sa main, j’en écartais les doigts et les questionnais tour à tour.
— Et vous, m’aimez-vous ?
— Le soir nous nous promenions dans le parc. Nous chérissions la nuit pour son ombre propice, non pour sa mystérieuse splendeur, car ce n’est point au début de la vie que le sentiment de la nature ajoute aux joies de l’amour, et que les étoiles, les clairs de lune, les couchers de soleil, les bois et les fleurs sont des motifs pour aimer davantage. L’unique spectacle émanait de Geneviève. Elle donnait de la beauté aux choses et n’en recevait pas d’elles. En la contemplant je voyais ce qu’il y a de plus pur au monde, de plus admirable et de plus harmonieux.
Principe de toute beauté, elle l’était également de toute action. De moi-même, je n’eusse point fait un pas vers un état d’intimité plus grande, tellement je songeais peu que cela fût possible. Chaque faveur m’étonnait comme une grâce imméritée, et mon espoir n’allait pas plus loin que d’en souhaiter le retour. Au milieu des plus violents désirs j’aimais avec l’humilité et l’inconscience d’une âme très neuve. Aussi Geneviève, en sûreté près de moi, s’habituait à m’accorder ce que je ne demandais