est une injure envers cette humanité. Les peuples sont frères. »
Le jour où ces diverses formules et d’autres analogues furent inscrites en tête de mon carnet, un des étudiants se permit contre la France des railleries de mauvais goût. Je les relevai vivement. Les Anglais soutinrent leur camarade, la querelle s’envenima, on en vint aux mots aigres, aux menaces, et, en riposte à une allusion ironique aux événements de 70, j’affirmai l’idée de patrie sur le visage de mon adversaire,
Ce manque de logique me déconcerta et mon ardeur au travail s’en accrut. Sous l’influence de lectures, d’ailleurs toutes choisies d’après le même souci — mais choisirions-nous tel livre s’il ne répondait pas d’abord aux désirs de notre esprit ? — bien des choses s’écroulèrent encore en moi. Et je ne puis me targuer d’aucune lutte intérieure, Point d’insomnies, point de ces crises fécondes où la conscience, peureuse de vérité, se raccroche éperdûment à un passé qui s’en va. On pourrait même dire que l’évolution dont je notais la marche si rapide, s’accomplit sans que je m’en rendisse compte, et qu’il fallut le concours des événements pour me la révéler plus tard.
Du reste le service militaire régla ces différents problèmes en les supprimant du jour au lendemain. Durant cette épreuve, en laquelle se résume et s’achève l’œuvre d’oppression que l’on poursuit contre nos jeunes années, il ne pouvait plus être