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Page:Leblanc - L'Enthousiasme, 1901.djvu/83

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V

En la quiétude de la petite chambre encombrée de livres, ce fut une intimité voluptueuse et grave où elle m’enseigna, autant que la beauté des étreintes, ce qu’il y a de simple et de pénétrant dans la réalité de la vie quotidienne. Cette fin d’hiver m’a laissé le souvenir d’heures fécondes, frissonnantes de baisers, lourdes de paroles et de silences. Je sortais de ses bras épuisé et fortifié, et, sans trop distinguer ce qui me venait d’Armande seulement et ce que je devais plutôt à la révélation sensuelle de l’amour, j’avais l’impression de recevoir des leçons de grâce, d’harmonie, de clairvoyance, de pensée. Ses travaux ne m’intéressaient pas moins que ses lèvres épaisses, et pas moins non plus l’effort de mon esprit que les tressaillements de ma chair. Les admirations et les haines qui nous étaient communes en art ou en littérature, nous unirent à l’égal de nos enlacements.

— Pourquoi cependant, au plus profond de notre subtile, lui arrivait-il de me dire avec une conviction qui me déconcertait :

— Tu ne m’aimes pas, Pascal.