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L’ENTHOUSIASME

Elle me pressa contre elle ardemment.

— Attendre, Pascal ? mais je n’attends pas, moi, je serais la première à m’en repentir.

Sa tête se renversait et ma bouche suivait la sienne. Mais soudain je sentis son corps qui s’abandonnait, prêt à subir la volonté de mon désir, et ma détresse fut grande.

— Oh ! mon ami, soupirait-elle.

Je n’osais pas remuer, je ne savais que faire, embarrassé d’une victoire que je n’avais point prévue. Se redressant, elle me demanda :

— Qu’est-ce que vous avez, mon Pascal ?

Le son affectueux de sa voix dissipa ma confusion. Je lui dis en souriant :

— C’est la première fois, Armande.

Elle parut surprise, puis émue, plus émue que je n’aurais pensé qu’elle pût l’être. Ses yeux devinrent humides. Il me sembla qu’elle allait fondre en tendresse, peut-être pleurer, et cette idée m’était délicieuse. Mais elle fit mieux : elle se pencha sur moi et me prit.