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Page:Leblanc - L'Enthousiasme, 1901.djvu/90

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L’ENTHOUSIASME

tence de ces personnages surannés, vivre dans ce monde lointain, autant de plaisirs qui nous ravissaient. C’est de la sorte qu’un dimanche nous avons sonné au logis de la Vaunoise dont le miroir des eaux mortes qui l’entourent double l’âpre silhouette.

L’intérieur n’offrait aucun intérêt. Dans une salle buvaient et se querellaient d’une voix avinée deux hommes, deux hobereaux en blouse, que nous sûmes être M. de la Vaunoise et son beau-père. Dans une autre pièce, nous vîmes la châtelaine. On nous avait dit, à l’auberge du village, sa pitoyable existence de recluse entre un mari jaloux et un père débauché qui, régulièrement le dimanche et souvent au cours de la semaine, se grisaient jusqu’à rouler sous la table. Elle était mince, gracieuse et craintive. Sa jolie figure mélancolique nous frappa. Contente d’une distraction, elle montra les curiosités du Logis et de ses dépendances, quelques meubles anciens, une cachette historique, une vieille tour parmi les chênes séculaires d’un bosquet voisin. Nous nous amusions à observer son animation croissante au contact de notre sympathie et de notre allégresse. Elle ressuscitait. Et tout bas, influencés par la vétusté du décor et par le désordre luxuriant du jardin, nous l’appelions la Belle-au-bois-dormant. À la fin elle avait un air presque heureux. Elle nous dit en riant son nom, Nanthilde.

Le lendemain et les autres jours, à diverses