Page:Leblanc - L’Éclat d’obus, 1916.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
L’ÉCLAT D’OBUS
99

évacuée dès l’arrivée des troupes de combat.

— À ce moment, raconta l’oberleutnant, qui faisait partie de ces dernières, il était sept heures du soir, vos 75 avaient déjà repéré le château, et nous n’avons plus trouvé qu’un groupe de généraux et d’officiers supérieurs. Leurs fourgons de bagages s’en allaient et leurs automobiles étaient prêtes. On me donna l’ordre de tenir aussi longtemps que possible et de faire sauter le château. D’ailleurs le major avait tout disposé en conséquence.

— Le nom de ce major ?

— Je ne sais pas. Il se promenait avec un jeune officier auquel les généraux eux-mêmes ne s’adressaient qu’avec respect. C’est ce même officier qui m’appela et qui m’enjoignit d’obéir au major « comme à l’empereur ».

— Et ce jeune officier, qui était-ce ?

— Le prince Conrad.

— Un des fils du kaiser ?

— Oui. Il a quitté le château hier, à la fin de la journée.

— Et le major a passé la nuit ici ?

— Je le suppose. En tout cas il était là ce matin. Nous avons mis le feu aux mines et nous sommes partis. Trop tard, puisque j’ai été blessé auprès de ce pavillon… auprès du mur…

Paul se domina et dit :

— Auprès du mur devant lequel on a fusillé trois Français, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Quand les a-t-on fusillés ?

— Hier soir, vers six heures, je crois, avant notre arrivée de Corvigny.

— Qui les a fait fusiller ?

— Le major.