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L’ÉCLAT D’OBUS

— Certes, mais oublierai-je jamais que c’est pour moi qu’elle est restée ici… par ma faute. Plus tard je t’expliquerai et tu comprendras combien j’ai été dur et injuste… Et cependant…

Il demeura songeur. L’image du major le hantait, et il répéta :

— Et cependant… cependant… il y a des choses si étranges..

Tout l’après-midi, des troupes françaises continuèrent d’affluer par la vallée du Liseron et par le village d’Ornequin, afin de s’opposer à un retour offensif de l’ennemi. La section de Paul étant au repos, il en profita pour se livrer avec Bernard à des recherches minutieuses dans le parc et dans les ruines du château. Mais aucun indice ne leur révéla où le corps d’Élisabeth avait été enfoui.

Vers cinq heures, ils firent donner à Rosalie et à Jérôme une sépulture convenable. Deux croix se dressèrent au sommet d’un petit tertre semé de fleurs. Un aumônier vint dire les prières des morts. Et ce fut avec émotion que Paul s’agenouilla sur la tombe des deux fidèles serviteurs que leur dévouement avait perdus.

À ceux-là aussi, Paul promit de les venger. Et son désir de vengeance évoquait en lui avec une intensité presque douloureuse, l’image exécrée de ce major, cette image qui ne pouvait plus maintenant se détacher du souvenir qu’il gardait de la comtesse d’Andeville.

Il emmena Bernard.

— Es-tu sûr de ne t’être pas trompé en faisant un rapprochement entre le major et la soi-disant paysanne qui t’a interrogé à Corvigny ?