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L’ÉCLAT D’OBUS

lavabo, au lit couvert de draps en désordre, qu’elle servait de chambre et qu’on y avait couché la nuit précédente.

Sur la table, Paul trouva des journaux allemands et un journal français, daté du 10 septembre, où le communiqué qui relatait la victoire de la Marne était biffé de deux grands traits au crayon rouge et annoté de ce mot : « Mensonge ! mensonge ! » avec la signature H.

— Nous sommes bien chez le major Hermann, dit Paul à Bernard.

— Et le major Hermann, déclara Bernard, a brûlé cette nuit des papiers compromettants… Tu vois dans la cheminée cet amoncellement de cendres.

Il se baissa et recueillit quelques enveloppes et quelques feuilles à demi consumées, qui, d’ailleurs, ne présentaient que des mots sans suite et des phrases incohérentes.

Mais le hasard ayant tourné ses yeux vers le lit, il avisa, sous le sommier, un paquet de vêtements cachés, ou peut-être oubliés dans la hâte du départ. Il les tira vers lui et aussitôt s’écria :

— Ah ! celle-là est un peu forte !

— Quoi ? fit Paul, qui fouillait la chambre de son côté.

— Ces vêtements… des vêtements de paysanne… ceux que j’ai vus sur la femme à Corvigny. Pas d’erreur possible… c’était bien cette nuance marron et cette même étoffe de bure. Et puis, tiens, ce fichu en dentelle noire dont je t’ai parlé…

— Qu’est-ce que tu dis ? s’écria Paul en accourant.