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Page:Leblanc - L’Éclat d’obus, 1916.djvu/115

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L’ÉCLAT D’OBUS
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— Dame ! tu peux regarder, c’est une sorte de fichu et qui ne date pas d’hier. Ce qu’il est usé et déchiré ! Il y a encore, piquée dedans, la broche que je t’ai signalée, tu vois ?

Dès l’abord, Paul l’avait remarquée, cette broche, et avec quel effroi ! Quel sens terrible elle donnait à la découverte des vêtements dans la chambre même du major Hermann, et près du boudoir d’Hermine d’Andeville ! Le camée, gravé d’un cygne aux ailes ouvertes, et encerclé d’un serpent d’or dont les yeux étaient faits de rubis ! Depuis son enfance, Paul le connaissait, ce camée, pour l’avoir vu au corsage même de celle qui avait tué son père, et il le connaissait pour l’avoir revu dans ses moindres détails sur le portrait de la comtesse Hermine. Et voilà qu’il le retrouvait là, piqué dans le fichu de dentelle noire, mêlé aux vêtements de la paysanne de Corvigny, et oublié dans la chambre du major Hermann !

Bernard prononça :

— La preuve est certaine maintenant. Puisque les vêtements sont là, c’est que la femme qui m’a interrogé sur toi est revenue ici cette nuit ; mais quel rapport y a-t-il entre elle et cet officier qui est son image frappante ? L’être qui m’interrogeait sur toi est-il le même que l’être qui, deux heures auparavant, faisait fusiller Élisabeth ? Et qui sont ces gens-là ? À quelle bande d’assassins et d’espions nous heurtons-nous ?

— À des Allemands, sans plus, déclara Paul. Assassiner et espionner, c’est pour eux des formes naturelles et permises de la guerre, et d’une guerre qu’ils avaient commencée en pleine période de paix. Je te l’ai dit, Bernard, de cette