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L’ÉCLAT D’OBUS
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l’intention de reprendre les vêtements, ou, du moins le contenu de leurs poches, ce qu’il n’avait pu faire, puisque le soldat Gériflour, couché dessus, les dissimulait aux regards.

Or voilà que Paul croyait se rappeler qu’en dépliant cette jupe et ce corsage de paysanne il avait perçu dans une poche un froissement de papier. Ne pouvait-on en conclure que c’était le journal d’Élisabeth, surpris et volé par le major Hermann ?

Paul courut jusqu’à la chambre où le double crime avait été commis. Il saisit les vêtements et chercha.

— Ah ! fit-il aussitôt, avec une véritable joie, les voici !

Les feuilles détachées de l’agenda remplissaient une grande enveloppe jaune. Elles étaient toutes indépendantes les unes des autres, froissées et déchirées par endroits, et il suffit à Paul d’un coup d’œil pour se rendre compte que ces feuilles ne correspondaient qu’aux mois d’août et de septembre, et que même il en manquait quelques-unes dans la série de ces deux mois.

Et il vit l’écriture d’Élisabeth.

Ce n’était pas d’abord un journal bien détaillé. Des notes simplement, de pauvres notes où s’exhalait un cœur meurtri, et qui, plus longues parfois, avaient nécessité l’adjonction d’une feuille supplémentaire. Des notes jetées de jour ou de nuit, au hasard de la plume ou du crayon, à peine lisibles parfois, et qui donnaient l’impression d’une main qui tremble, de deux yeux voilés de larmes, et d’un être éperdu de douleur.