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L’ÉCLAT D’OBUS
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dans une calèche commandée à Corvigny, et qu’il fit avancer. Quant aux gros bagages, il devait les emporter avec la charrette de la ferme.

Le temps était beau. On releva la capote de la voiture.

Paul et sa femme s’installèrent.

— La route n’est pas bien longue, dit le garde… quatre lieues… Mais ça monte.

— Le château est-il à peu près habitable ? demanda Paul.

— Dame ! ça ne vaut pas un château habité, mais tout de même monsieur verra. On a fait ce qu’on a pu. Ma femme est si contente que les maîtres arrivent !… Monsieur et madame la trouveront au bas du perron. Je l’ai avertie que monsieur et madame seraient là sur le coup de six heures et demie, sept heures…

— Un brave homme, dit Paul à Élisabeth quand ils furent partis, mais qui ne doit pas avoir souvent l’occasion de parler. Il se rattrape…

La route escaladait en pente raide les hauteurs de Corvigny et constituait, au milieu de la ville, entre la double rangée des magasins, des monuments publics et des hôtels, l’artère principale, encombrée ce jour-là d’attroupements inusités. Elle redescendait ensuite et contournait les antiques bastions de Vauban. Puis il y eut de légères ondulations à travers une plaine que dominaient à droite et à gauche les deux forts du Petit et du Grand Jonas.

C’est en suivant cette route sinueuse, qui serpentait parmi les pièces d’avoine et de blé, sous le dôme ombreux formé au-dessus d’elle par des alignements de peupliers, que Paul Delroze revint sur cet épisode de son enfance dont il avait promis le récit à Élisabeth.