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L’ÉCLAT D’OBUS

dormaient dans cette chambre. C’était le soldat Gériflour et son camarade.

Bernard d’Andeville s’arrêta.

— Écoute, Paul, depuis tantôt tu me stupéfies. Tu agis avec une divination et une clairvoyance ! allant droit à sa place où il faut creuser, racontant ce qui s’est produit comme si tu en avais été le témoin, sachant tout et prévoyant tout. En vérité je ne te connaissais pas de pareils dons ! As-tu fréquenté Sherlock Holmes ?

— Pas même Arsène Lupin, dit Paul, se remettant en marche. Seulement j’ai été malade et j’ai réfléchi. Certains passages du journal d’Élisabeth, où elle parle de ses découvertes troublantes, m’ont donné l’éveil. Je me suis demandé pourquoi les Allemands avaient accumulé tant de mesures destinées à faire le vide autour du château. Et ainsi, de fil en aiguille, de déduction en déduction, interrogeant le passé et le présent, me souvenant de ma rencontre avec l’empereur d’Allemagne et de beaucoup de choses qui se relient d’elles-mêmes les unes aux autres, j’en suis arrivé à me dire qu’il devait y avoir, entre les deux côtés de la frontière, une communication secrète aboutissant exactement à l’endroit d’où l’on pouvait tirer sur Corvigny. A priori, cet endroit me sembla devoir être la terrasse, et j’en fus tout à fait sûr quand je vis tantôt, sur cette terrasse, un arbre mort, enveloppé de lierre, auprès duquel Élisabeth crut entendre des bruits souterrains. Dès lors je n’avais plus qu’à me mettre à l’ouvrage.

— Et ton but ? demanda Bernard.

— Je n’en ai qu’un, la délivrance d’Élisabeth.

— Ton plan ?