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Page:Leblanc - L’Éclat d’obus, 1916.djvu/228

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L’ÉCLAT D’OBUS

sérable un petit flacon qu’il empocha en répondant d’un haussement d’épaules :

— Comme vous voulez ! Cela m’est égal.

Et, assis l’un près de l’autre, ils s’entretinrent avec animation, la comtesse donnant ses instructions que Karl approuvait ou discutait.

Paul eut la sensation que, s’il ne maîtrisait pas son effroi, s’il n’arrêtait pas les battements désordonnés de son cœur, Élisabeth était perdue. Pour la sauver, il fallait avoir un cerveau d’une lucidité absolue, et prendre, au fur et à mesure des circonstances, sans réfléchir et sans hésiter, d’immédiates résolutions.

Or, ces résolutions, il ne pouvait les prendre qu’au hasard et peut-être à contre-sens, puisqu’il ne connaissait pas réellement les plans de l’ennemi. Néanmoins, il arma son revolver.

Il supposait alors que la jeune femme, une fois prête à partir, rentrerait dans la salle et s’en irait avec l’espion ; mais, au bout d’un moment, la comtesse frappa sur un timbre et dit quelques mots au domestique qui se présenta. Le domestique sortit. Paul entendit deux coups de sifflet, puis le ronflement d’une automobile dont le bruit se rapprochait.

Karl regardait dans le couloir par la porte entr’ouverte. Il se tourna vers la comtesse comme s’il eût dit :

— La voilà… Elle descend…

Paul comprit alors qu’Élisabeth s’en allait directement vers l’automobile où Karl la rejoindrait. En ce cas, il fallait agir et sans retard.

Une seconde, il resta indécis. Profiterait-il de ce que Karl était encore là pour faire irruption dans la salle et pour le tuer à coups de revolver ainsi que la comtesse Hermine ?