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L’ÉCLAT D’OBUS

Elle s’effraya :

— Mais la comtesse Hermine ?

— Ne craignez rien de ce côté. En admettant que je ne la réduise pas à l’impuissance, comment pourrait-elle vous soupçonner, puisque l’enquête rejettera tout sur moi seul ? D’ailleurs nous n’avons pas le choix.

Et, sans plus l’écouter, il remit la voiture en mouvement, saisit le volant, et, malgré les prières effarées de la femme, il partit.

Il partit avec autant d’ardeur et de décision que s’il se pliait aux exigences d’un projet nouveau dont il eût fixé tous les détails et connu l’efficacité certaine.

— Je vais voir la comtesse, se disait-il. Et alors, soit que, inquiète sur le sort de Karl, elle veuille que je la conduise auprès de lui, soit qu’elle me reçoive dans une pièce quelconque de la villa, je l’oblige par n’importe quel procédé à me révéler le nom du château qui sert de prison à Élisabeth. Je l’oblige à me donner le moyen de la délivrer et de la faire évader.

Mais comme tout cela était vague ! Que d’obstacles ! Que d’impossibilités ! Comment supposer que les circonstances seraient dociles au point de rendre la comtesse aveugle et de la priver ensuite de tout secours ? Une femme de son envergure n’était pas de celles qui se laissent berner par des mots et soumettre par des menaces.

N’importe ! Paul n’acceptait pas le doute. Au bout de son entreprise, il y avait le succès et, pour y atteindre plus vite, il forçait l’allure, jetant son auto comme une trombe à travers la campagne et ralentissant à peine au passage des bourgs et des villes.