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Page:Leblanc - L’Éclat d’obus, 1916.djvu/254

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L’ÉCLAT D’OBUS

Il s’obstina néanmoins, tenant ses adversaires à distance, tirant sans relâche et gagnant ainsi du temps jusqu’aux limites du possible. Mais il s’aperçut que la manœuvre de l’ennemi avait pour but, après l’avoir tourné, de se diriger vers le tunnel et de donner la chasse aux fugitifs…

Paul se cramponnait. Il avait réellement conscience de chaque seconde qui s’écoulait, de chacune de ces secondes inappréciables qui augmentaient la distance où se trouvait Bernard.

Trois hommes s’engouffrèrent dans l’orifice béant, puis quatre, puis cinq.

En outre, les balles commençaient à pleuvoir sur la baraque.

Paul calculait :

— Bernard doit être à six ou sept cents mètres. Les trois hommes qui le poursuivent sont à cinquante mètres… à soixante-quinze maintenant. Tout va bien.

Une masse serrée d’Allemands s’en venait sur la baraque. Il était évident que l’on ne croyait pas que Paul y fût seul enfermé, tellement il multipliait ses efforts. Cette fois il n’y avait plus qu’à se rendre.

— Il est temps, pensa-t-il, Bernard est en dehors de la zone dangereuse.

Brusquement, il se précipita vers le tableau qui contenait les manettes correspondant aux fourneaux de mine pratiqués dans le tunnel, d’un coup de crosse fit voler la vitre en éclats, et rabattit la première et la seconde de ces manettes.

Il sembla que la terre frémissait. Un grondement de tonnerre roula sous le tunnel, et se