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L’ÉCLAT D’OBUS
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faits de rubis. Vous voyez bien, Élisabeth, que je n’ai pas oublié et que je n’oublierai jamais.

Il se tut. Élisabeth pleurait. Comme son mari, ce passé l’enveloppait d’horreur et d’amertume. Il l’attira contre lui et la baisa au front.

Elle lui dit :

— N’oublie pas, Paul. Le crime sera puni parce qu’il le faut. Mais que ta vie ne soit pas soumise à ce souvenir de haine. Nous sommes deux maintenant, et nous nous aimons. Regarde vers l’avenir.


Le château d’Ornequin est une belle et simple construction du seizième siècle, avec quatre tourelles surmontées de clochetons, avec de hautes fenêtres à pinacle dentelé, et une fine balustrade en saillie du premier étage.

Des pelouses régulières, encadrant le rectangle de la cour d’honneur, forment esplanade, et conduisent par la droite et par la gauche vers des jardins, des bois et des vergers. Un des côtés de ces pelouses se termine en une large terrasse d’où l’on a vue sur la vallée du Liseron, et qui supporte, dans l’alignement du château, les ruines majestueuses d’un donjon carré.

Le tout a grande allure. Entouré de fermes et de champs, le domaine, quand il est bien entretenu, suppose une exploitation active et vigilante. C’est un des plus vastes du département.

Dix-sept années plus tôt, à la mise en vente qui suivit la mort du dernier baron d’Ornequin, le comte d’Andeville, père d’Élisabeth, l’avait acheté sur un désir de sa femme. Marié depuis cinq ans, ayant donné sa démission d’officier de cavalerie pour se consacrer à celle