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L’ÉCLAT D’OBUS

qu’il aimait, il voyageait avec elle, lorsque le hasard leur fit visiter Ornequin au moment même où la vente, à peine annoncée dans les journaux de la région, allait s’en effectuer. Hermine d’Andeville s’enthousiasma. Le comte, qui cherchait un domaine dont l’exploitation occupât ses loisirs, enleva l’affaire par l’entremise d’un homme de loi.

Durant tout l’hiver qui suivit, il dirigea, de Paris, les travaux de restauration que nécessitait l’abandon où l’ancien propriétaire avait laissé son château. Il voulait que la demeure fût confortable, et, la voulant belle aussi, il y envoya tous les bibelots, tapisseries, objets d’art, toiles de maîtres qui ornaient son hôtel de Paris.

Ce n’est qu’au mois d’août qu’ils purent s’installer. Ils vécurent là quelques semaines délicieuses avec leur chère Élisabeth, âgée de quatre ans, et leur fils Bernard, un gros garçon que la comtesse venait de mettre au monde.

Toute dévouée à ses enfants, Hermine d’Andeville ne sortait jamais du parc. Le comte surveillait ses fermes et parcourait ses chasses, en compagnie de son garde Jérôme.

Or, à la fin d’octobre, la comtesse ayant pris froid, et le malaise qui s’ensuivit ayant eu des conséquences assez graves, le comte d’Andeville décida de la conduire, ainsi que ses enfants, dans le Midi. Deux semaines après, il y eut une rechute. En trois jours, elle fut emportée.

Le comte éprouva ce désespoir qui vous fait comprendre que la vie est finie et que, quoi qu’il arrive, on ne goûtera plus ni joie ni même