a une grande affection pour Élisabeth, et c’est justice, car elle est charmante, et si aimable ! Je l’aime beaucoup, en vérité !
Paul et Bernard eurent un même geste, qui les eût jetés sur la comtesse s’ils n’avaient réussi à contenir leur haine. Paul écarta son beau-frère dont il sentait l’exaspération, et, répondant au défi de l’adversaire sur un ton aussi allègre :
— Mais oui, je sais… j’étais là… J’ai même assisté à son départ.
— Vraiment ?
— Vraiment. Votre ami Karl m’a offert une place dans son automobile.
— Dans son automobile ?
— Parfaitement, et nous sommes tous partis pour votre château de Hildensheim… une bien belle demeure que j’aurais eu plaisir à visiter plus à fond… Mais le séjour en est dangereux, souvent mortel… de sorte que…
La comtesse le regardait avec une inquiétude croissante. Que voulait-il dire ? Comment savait-il ces choses ?
Elle voulut l’effrayer à son tour, afin de voir clair dans le jeu de l’ennemi, et prononça d’une voix âpre :
— En effet, le séjour en est souvent mortel. On respire là un air qui n’est pas bon pour tout le monde…
— Un air empoisonné…
— Justement.
— Et vous craignez pour Élisabeth ?
— Ma foi, oui. La santé de cette pauvre petite est déjà compromise, et je ne serai tranquille…
— Que quand elle sera morte, n’est-ce pas ?
Elle laissa passer quelques secondes, puis