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L’ÉCLAT D’OBUS
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Le sergent et ses hommes n’avaient pas paru. Mais on entendait le bruit de leur présence au bas de l’escalier.

La comtesse ne bougeait pas. Elle était vêtue comme au soir du souper dans la villa du prince Conrad. Son visage, où ne se voyaient plus ni peur ni effarement, montrait plutôt l’effort de la réflexion, comme si elle eût voulu calculer toutes les conséquences de la situation qui lui était révélée. Paul Delroze ? Quel était le but de son agression ? Sans doute — et c’était évidemment cette pensée qui détendait peu à peu les traits de la comtesse Hermine, — sans doute poursuivait-il la délivrance de sa femme.

Elle sourit. Élisabeth prisonnière en Allemagne, quelle monnaie d’échange pour elle-même, pour elle, prise au piège, mais qui pouvait encore commander aux événements !

Sur un signe, Bernard s’avança, et Paul dit à la comtesse :

— Mon beau-frère. Le major Hermann, lorsqu’il était attaché dans la maison du passeur, l’a peut-être vu, comme il m’a peut-être vu. Mais, en tout cas, la comtesse Hermine, soyons plus précis, la comtesse d’Andeville, ne connaît pas, ou du moins a oublié son fils, Bernard d’Andeville.

Elle paraissait maintenant tout à fait rassurée, et gardait l’air de quelqu’un qui combat avec des armes égales et même plus puissantes. Elle ne se troubla donc pas en face de Bernard, et fit d’un ton dégagé :

— Bernard d’Andeville ressemble beaucoup à sa sœur Élisabeth, que les circonstances m’ont permis de ne pas perdre de vue, elle. Il y a trois jours encore nous soupions, elle et moi, avec le prince Conrad. Le prince Conrad