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L’ÉCLAT D’OBUS

— Monsieur, lui dit-il, vous voudrez bien rapporter à l’empereur que la comtesse Hermine de Hohenzollern a essayé d’assassiner, à Soissons, le général en chef. Arrêtée par moi et jugée, elle a été, sur les ordres du général en chef, fusillée. Je suis possesseur d’un certain nombre de ses papiers et surtout de lettres intimes auxquelles, je n’en doute pas, l’empereur attache personnellement la plus grande importance. Ces lettres lui seront renvoyées le jour où le château d’Ornequin aura retrouvé tous ses meubles et toutes ses collections. Je vous salue, monsieur.

C’était fini. Sur toute la ligne, Paul gagnait la bataille. Il avait délivré Élisabeth et vengé son père. Il avait frappé à la tête le service d’espionnage allemand et tenu, en exigeant la liberté des vingt officiers français, toutes les promesses faites au général en chef.

Il pouvait concevoir de son œuvre une fierté légitime.


Au retour, Bernard lui dit :

— Alors, je t’ai choqué tout à l’heure ?

— Plus que choqué, dit Paul en riant, indigné.

— Indigné, vraiment !… Indigné !… Ainsi voilà un jeune mufle qui essaye de te prendre ta femme, et il en est quitte pour quelques jours de cellule ! Voilà un des chefs de ces brigands qui assassinent et qui pillent, et il va rentrer chez lui et recommencer ses pillages et ses assassinats ! Voyons, c’est absurde. Réfléchis un peu que tous ces bandits qui ont voulu la guerre, princes, empereurs, femmes de prince