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L’ÉCLAT D’OBUS
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examiné, la distance exacte des batteries allemandes, le capitaine téléphona à son lieutenant.

Une demi-heure plus tard, les batteries allemandes se taisaient, et, comme une quatrième fusée avait jailli, les soixante-quinze continuèrent à bombarder l’église ainsi que le village et ses abords immédiats.

Un peu avant midi le régiment fut rejoint par une compagnie de cyclistes, qui précédaient la division. Ordre était donné d’avancer à tout prix.

Le régiment avança, à peine inquiété, lorsqu’on approcha de Brumoy, par quelques coups de fusil. L’arrière-garde ennemie se repliait.

Dans le village en ruine, et dont quelques maisons flambaient encore, on trouva le plus incroyable désordre de cadavres, de blessés, de chevaux abattus, de canons démolis, de caissons et de fourgons éventrés. Toute une brigade avait été surprise au moment où, certaine d’avoir déblayé le terrain, elle allait se mettre en route.

Mais un appel partit du haut de l’église, dont la nef et la façade effondrées ne présentaient plus qu’un chaos indescriptible. Seule la tour du clocher, percée à jour, et noircie par l’incendie de quelques poutres, se maintenait et portait encore, grâce à un miracle d’équilibre, la mince flèche de pierre qui la couronnait. À moitié penché hors de cette flèche, un paysan agitait les bras et criait pour attirer l’attention.

Les officiers reconnurent Paul Delroze.

Prudemment, parmi les décombres, on monta l’escalier qui conduisait à la plate-forme de la tour. Là, entassés contre la petite porte prati-