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L’ÉCLAT D’OBUS

quée dans la flèche, il y avait huit cadavres d’Allemands, et la porte, démolie, tombée en travers, barrait le passage de telle façon qu’il fallut la briser à coups de hache pour délivrer Paul.

À la fin de l’après-midi, lorsqu’on eut constaté que la poursuite de l’ennemi se heurtait à des obstacles trop sérieux, le colonel assembla le régiment sur la place et embrassa le caporal Delroze.

— D’abord, la récompense, lui dit-il. Je demande la médaille militaire et avec un tel motif que vous l’aurez. Maintenant, mon petit, expliquez-vous.

Et Paul, au milieu du cercle que formaient autour de lui les officiers et les gradés de chaque compagnie, répondit aux questions.

— Mon Dieu, c’est bien simple, mon colonel. Nous étions espionnés.

— Évidemment, mais qui était l’espion et où se trouvait-il ?

— Mon colonel, c’est un hasard qui m’a renseigné. À côté de l’emplacement que nous occupions ce matin, il y avait à notre gauche, n’est-ce pas, un village avec une église ?

— Oui, mais j’avais fait évacuer le village dès mon arrivée, et il n’y avait personne dans l’église.

— S’il n’y avait eu personne dans l’église, pourquoi le coq qui surmonte le clocher affirmait-il que le vent venait de l’Est, alors qu’il venait de l’Ouest ? Et pourquoi, lorsque nous changions de position, la direction de ce coq obliquait elle vers nous ?

— Vous êtes sûr ?

— Oui, mon colonel. Et c’est pourquoi, après