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L’ÉCLAT D’OBUS


VI

CE QUE PAUL VIT AU CHÂTEAU D’ORNEQUIN



Dès l’aube, Paul Delroze fut réveillé par des sonneries de clairon. Et, tout de suite, dans le duel des canons qui commença, il reconnut la voix brève et sèche du 75 et l’aboiement rauque du 77 allemand.

— Tu viens, Paul ? appela Bernard. Le café est servi en bas.

Les deux beaux-frères avaient trouvé deux chambres au-dessus d’un marchand de vin. Tout en faisant honneur à un déjeuner substantiel, Paul, qui, la veille au soir, avait recueilli des renseignements sur l’occupation de Corvigny et d’Ornequin, raconta :

— Le mercredi 19 août, Corvigny, à la grande satisfaction de ses habitants, pouvait encore croire que les horreurs de la guerre lui seraient épargnées. On se battait en Alsace et devant Nancy. On se battait en Belgique, mais il semblait que l’effort allemand négligeât la route d’invasion, étroite il est vrai et en apparence d’intérêt secondaire, qu’offrait la vallée du Liseron. À Corvigny, une brigade française poussait activement les travaux de défense. Le Grand et le Petit-Jonas étaient prêts sous leur coupole de béton. On attendait.