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Page:Leblanc - L’Éclat d’obus, 1916.djvu/92

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L’ÉCLAT D’OBUS

voit, le château. On aperçoit encore, de loin, ses tourelles, ses murs. Mais, derrière ces murs, que s’est-il passé ? Qu’est-il advenu d’Élisabeth ? Voilà bientôt quatre semaines qu’elle vit au milieu de ces brutes, seule, exposée à tous les outrages. La malheureuse !…

Le jour se levait à peine quand ils arrivèrent sur la place. Paul fut mandé par son colonel qui lui transmit les félicitations très chaleureuses du général commandant la division, et lui annonça qu’il était proposé pour la croix et pour le grade de sous-lieutenant, et qu’il avait d’ores et déjà le commandement de sa section.

— C’est tout, ajouta le colonel en riant. À moins que vous n’ayez quelque autre désir ?…

— J’en ai deux, mon colonel.

— Allez-y.

— D’abord que mon beau-frère Bernard d’Andeville, ici présent, soit placé dès maintenant dans ma section comme caporal. Il l’a mérité.

— Convenu. Et ensuite ?

— Ensuite, que tout à l’heure, quand on va nous porter vers la frontière, ma section soit dirigée vers le château d’Ornequin, qui se trouve sur la route même.

— C’est-à-dire qu’elle soit désignée pour l’attaque même du château ?

— Comment, pour l’attaque ? dit Paul avec inquiétude. Mais l’ennemi s’est concentré le long de la frontière, six kilomètres au delà du château.

— On le croyait hier. En réalité, la concentration a eu lieu au château d’Ornequin, excellente position de défense où l’ennemi s’accroche désespérément en attendant ses renforts. La