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Page:Leblanc - L’Île aux trente cercueils.djvu/108

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boucher ce trou que mes geôliers ignorent évidemment, et voilà que j’entends du bruit… on grattait…

— C’était Tout-Va-Bien ?

— C’était M. Tout-Va-Bien qui surgissait par un chemin opposé. Tu vois d’ici s’il a été bien reçu ? Seulement, ce qui m’a étonné, c’est que personne ne le suivait par là, ni Honorine ni grand-père. Je n’avais pas de crayon, pas de papier pour leur écrire, mais enfin il n’y avait qu’à suivre Tout-Va-Bien.

— Impossible, fit Véronique, puisqu’on te supposait loin de Sarek, enlevé, sans doute et que ton grand-père était parti.

— Justement. Pourquoi cette supposition ? Grand-père savait, d’après un document récemment découvert, où nous étions, puisque c’est lui qui nous avait indiqué l’entrée possible des souterrains. Il ne t’a donc pas parlé ? »

Véronique avait écouté, tout heureuse, le récit de son fils. Si on l’avait enlevé et emprisonné, ce n’était donc pas lui le monstre abominable qui avait tué M. d’Hergemont, Marie Le Goff, Honorine, Corréjou et ses compagnons ? La vérité qu’elle avait entrevue déjà confusément se faisait plus précise, cachée encore sous bien des voiles, mais visible, au moins dans sa partie essentielle. François n’était pas coupable. Quelqu’un avait endossé ses vêtements et s’était fait passer pour lui, de même que quelqu’un avait joué son rôle sous l’apparence de Stéphane ! Ah ! qu’importait le reste, les invraisemblances et les contradictions, les preuves et les certitudes ! Véronique n’y songeait même pas. Seule comptait l’innocence de son fils bien-aimé.

Aussi se refusa-t-elle encore à lui rien révéler qui pût l’assombrir et gâter sa joie, et elle affirma :

« Non, je n’ai pas vu ton grand-père. Honorine voulait le préparer à ma visite, mais les événements se sont précipités…

— Et tu es restée seule dans l’île, ma pauvre maman ? Tu désirais donc m’y retrouver ?

— Oui, fit-elle après une hésitation.

— Tu étais seule, mais avec Tout-va-bien ?

— Oui. Les premiers jours, je n’ai guère fait atten-