Page:Leblanc - L’Île aux trente cercueils.djvu/127

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lettre dont je vous ai parlé, et dont, malheureusement, il ne nous lut que le début :

« Monsieur, je considère l’incident de Maguennoc comme assez grave et vous prie, à la moindre alerte nouvelle, de télégraphier à Patrice Belval. Si j’en crois certains symptômes, vous êtes au bord de l’abîme. Mais vous seriez au fond même de cet abîme que vous n’auriez rien à craindre, si je suis averti à temps. À partir de cette minute-là, je réponds de tout, quoi qu’il arrive, alors même que tout vous semblerait perdu et que tout même serait perdu.

« Quant à l’énigme de la Pierre-Dieu, elle est enfantine, et je m’étonne vraiment qu’avec les données très suffisantes que vous avez fournies à Belval on puisse la considérer une seconde comme inexplicable. Voici en quelques mots ce qui a intrigué tant de générations d’hommes… »

— Eh bien ? fit Véronique avide de savoir.

— Comme je vous l’ai dit, M. d’Hergemont ne nous a pas communiqué la fin de la lettre. Il l’a lue devant nous, en murmurant d’un air stupéfait : « Est-ce possible ?… Mais oui, mais oui, c’est cela… Quel prodige ! » Et comme nous l’interrogions, il nous a répondu : « Je vous mettrai au courant ce soir, mes enfants, à votre retour des Landes-Noires. Sachez seulement que cet homme, vraiment extraordinaire, il n’y a pas d’autre mot, me révèle, sans plus de façon et sans plus de renseignements, le secret de la Pierre-Dieu et l’endroit exact où elle se trouve, et si logiquement qu’aucune hésitation n’est possible. »

— Et le soir ?

— Le soir, François et moi, nous étions enlevés et M. d’Hergemont était assassiné. »

Véronique réfléchit.

« Qui sait, dit-elle, si on n’a pas voulu lui dérober cette lettre si importante ? Car enfin le vol de la Pierre-Dieu me semble être le seul motif qui puisse expliquer toutes les machinations dont nous sommes les victimes.

— Je le crois aussi, mais M. d’Hergemont, sur la