recommandation de don Luis Perenna, a déchiré la lettre devant nous.
— De sorte que, en fin de compte, ce don Luis Perenna n’a pas été prévenu.
— Non.
— Cependant, François…
— François ignore la mort de son grand-père, et ne doute pas, par conséquent, que M. d’Hergemont, constatant sa disparition à lui, François, et la mienne, n’en ait averti don Luis Perenna, lequel, dans ce cas, ne pourrait tarder. En outre François a un autre motif d’attendre…
— Sérieux ?
— Non. François est encore très enfant. Il a lu beaucoup de livres d’aventures qui ont fait travailler son imagination. Or, le capitaine Belval lui a raconté sur son ami Perenna des choses si fantastiques, il le lui a montré sous un jour si étrange, que François est persuadé que don Luis Perenna n’est autre qu’Arsène Lupin. D’où une confiance absolue, et la certitude qu’en cas de danger l’intervention miraculeuse se produirait à la minute même où elle serait nécessaire. »
Véronique ne put s’empêcher de sourire…
« C’est un enfant, en effet, mais les enfants ont de ces intuitions dont il faut tenir compte… Et puis, cela lui donne du courage et de la bonne humeur. À son âge, comment aurait-il supporté l’épreuve s’il n’avait pas eu cet espoir ? »
L’angoisse remontait en elle. Tout bas, elle dit :
« N’importe d’où vienne le salut, pourvu qu’il vienne à temps, et que mon fils ne soit pas la victime de ces êtres effrayants ! »
Ils gardèrent un long silence. L’ennemi invisible et présent pesait sur eux de tout son poids formidable. Il était partout, maître de l’île, maître des demeures souterraines, maître des landes et des bois, maître de la mer environnante, maître des dolmens et des cercueils. Il rattachait aux époques monstrueuses du passé les heure actuelles, aussi monstrueuses. Il continuait l’histoire selon les rites d’autrefois, et frappait les coups mille fois annoncés.