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Page:Leblanc - L’Île aux trente cercueils.djvu/182

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éméché ! Mais ne pleurez pas, on va rattraper le temps perdu… D’ailleurs, il faut qu’à minuit tout soit réglé. Alors…  »

Il s’était approché, et il se récria :

« Comment ! ce coquin de Vorski vous avait laissée attachée ? Quelle brute que ce Vorski ! Et comme vous devez être mal à l’aise ! Sacrédieu, ce que vous êtes pâle ! Eh ! dites donc, vous n’êtes pas morte ? Ce ne serait pas une blague à nous faire ! »

Il saisit la main de Véronique, qui se dégagea vivement.

« À la bonne heure ! On le déteste toujours, son petit Vorski. Alors, tout va bien, et il y a de la ressource. Vous irez jusqu’au bout, Véronique. »

Il prêta l’oreille.

« Quoi ? Qu’est-ce qui m’appelle ? C’est toi, Otto ? Monte donc. Et alors, Otto, qu’est-ce qu’il y a de neuf ? J’ai dormi, tu sais. Ce sacré petit vin de Saumur… »

Otto, l’un des deux complices, entra en courant. C’était celui dont le ventre bombait si étrangement.

« Ce qu’il y a de neuf ? s’exclama-t-il. Voici. J’ai aperçu quelqu’un dans l’île. »

Vorski se mit à rire.

« Tu es gris, Otto… Ce sacré petit vin de Saumur…

— Je ne suis pas gris… j’ai vu… et Conrad a vu également.

— Oh ! oh ! fit Vorski, plus sérieux, si Conrad était avec toi ! Et qu’est-ce que vous avez vu ?

— Une silhouette blanche qui s’est dissimulée à notre approche.

— Où était-ce ?

— Entre le village et les landes, dans un petit bois de châtaigniers.

— Donc, de l’autre côté de l’île ?

— Oui.

— Parfait. Nous allons prendre nos précautions.

— Comment ? Ils sont peut-être plusieurs…

— Ils seraient dix que ça n’y changerait rien. Où est Conrad ?