Page:Leblanc - L’Île aux trente cercueils.djvu/224

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Mouche au cœur !… Double mouche !… Triple mouche ! À toi, Conrad, pan ! pan !… À toi, Otto. »

Les détonations crépitaient et se répercutaient dans la grande salle sonore. Les complices se démenaient devant leur cible, ahuris et furieux, tandis que l’invulnérable vieillard dansait et gigotait, tantôt presque accroupi, tantôt bondissant avec une agilité stupéfiante.

« Crebleu, ce que l’on rigole au fond des cavernes ! Et ce que t’es bête, mon Vorski ! Sacré prophète, va ! Quelle couche ! Non, mais comment as-tu pu avaler tout ça ? les feux de bengale ! les pétards, et puis le bouton de culotte ! et puis la bague de ta vieille mère ! Bougre de veau ! Quelle pochetée ! »

Vorski s’arrêta. Il comprenait que les trois revolvers avaient été déchargés, mais comment ? Par quel prodige inouï ? Qu’y avait-il au fond de toute cette aventure fantastique ? Quel était ce démon qui se dressait en face de lui ?

Il jeta son arme inutile et regarda le vieillard. Allait-il l’empoigner, l’étouffer entre ses bras ? Il regarda aussi la femme, prêt à se jeter sur elle. Mais, visiblement, il ne se sentait pas de taille à affronter plus longtemps ces deux êtres bizarres qui lui paraissaient situés en dehors du monde et de la réalité.

Alors, rapidement, il tourna sur lui-même et, appelant ses acolytes, il reprit le chemin des cryptes, poursuivi par les quolibets du vieux Druide :

« Allons, bon ! voilà qu’il se trotte ! Et la Pierre-Dieu, que veux-tu que j’en fasse ? Non, mais ce qu’il détale ! T’as donc le feu au derrière ? Taïaut ! Taïaut ! Va donc, eh ! prophète…  »