exhaler sa rage, il se mit à jurer et à blasphémer atrocement, tout en apostrophant don Luis :
« Voleur ! assassin ! c’est toi l’assassin ! c’est toi qui condamne François ! François a été blessé par son frère, sa blessure est mauvaise et peut s’envenimer… »
Stéphane et Patrice intervinrent auprès de don Luis… Stéphane avait peur.
« Est-ce qu’on sait ? dit-il. Avec un pareil monstre, tout est possible. Et si l’enfant est malade ?…
— Des balivernes ! du chantage ! affirma don Luis. L’enfant se porte bien.
— Êtes-vous sûr ?
— Assez bien, en tout cas, pour pouvoir attendre une heure. Dans une heure, le Superboche aura parlé. Il ne résistera pas plus longtemps. La pendaison délie la langue.
— Et s’il ne résiste pas du tout ?
— Comment cela ?
— Oui, s’il y passe à son tour ? un effort trop violent, une rupture d’anévrisme, un caillot de sang ?
— Eh bien ?
— Eh bien, sa mort nous priverait du seul espoir que nous ayons d’être renseignés sur la retraite de François. »
Mais don Luis fut inflexible.
« Il ne mourra pas ! s’écria-t-il, un type comme Vorski ne meurt pas d’un coup de sang ! Non, non, il parlera. D’ici une heure il parlera. Juste le temps de placer mon discours ! »
Malgré lui Patrice Belval se mit à rire.
« Vous avez donc un discours à placer ?
— Et quel discours ! s’exclama don Luis. Toute l’aventure de la Pierre-Dieu ! Un trait d’histoire, une vue d’ensemble qui va des temps préhistoriques aux trente crimes du Superboche ! Bigre, on n’a pas tous les jours l’occasion de faire une pareille conférence, et je ne la raterais pas pour un empire ! En chaire, don Luis, et vas-y de ton boniment ! »
Il se planta devant Vorski.