Page:Leblanc - L’Île aux trente cercueils.djvu/282

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sait par découvrir la véritable identité de l’individu, et ressuscitait le mari de Véronique d’Hergemont et le père de François. Est-ce cela que vous désirez ?

— Non, non ! s’écria vivement Stéphane.

— Non, en effet, confessa Patrice Belval, assez embarrassé. Non. Cette solution n’est pas meilleure, mais ce qui m’étonne c’est que vous, don Luis, vous n’ayez pas trouvé la bonne, celle qui nous eût satisfaits tous.

— Il n’y en avait qu’une, déclara nettement don Luis Perenna, il n’y en avait qu’une.

— Laquelle ?

— La mort. »

Il y eut un silence.

Puis don Luis reprit :

« Mes amis, ce n’est pas par simple jeu que je vous ai réunis en tribunal, et ce n’est pas parce que les débats vous semblent terminés que votre rôle de juge est fini. Il continue, et le tribunal n’a pas levé séance. C’est pourquoi je vous demande de répondre franchement : estimez-vous que Vorski mérite la mort ?

— Oui, » affirma Patrice.

Et Stéphane approuva :

« Oui, sans aucun doute.

— Mes amis, poursuivit don Luis, votre réponse n’est pas assez solennelle. Je vous supplie de l’exprimer selon les formes et en toute conscience, comme si vous étiez en face du coupable. Je le répète : quelle peine méritait Vorski ? »

Ils levèrent la main et, l’un après l’autre, ils prononcèrent :

« La mort. »

Don Luis donna un coup de sifflet. Un des Marocains accourut.

« Deux paires de jumelles, Hadgi. »

Quand les instruments furent apportés, don Luis les offrit à Stéphane et à Patrice.

« Nous ne sommes qu’à un mille de Sarek. Regardez vers la pointe, la barque doit être en route.

— Oui, fit Patrice au bout d’un instant.

— Vous voyez, Stéphane ?