Page:Leblanc - L’Île aux trente cercueils.djvu/283

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— Oui, seulement…

— Seulement…

— Il n’y a qu’un passager.

— Qu’un passager, en effet, déclara Patrice.

Ils posèrent leurs jumelles, et l’un d’eux commença :

« Un seul s’est enfui… Vorski évidemment… Il aura tué son complice Otto. »

Don Luis ricana :

« À moins que son complice Otto ne l’ait tué…

— Pourquoi dites-vous cela ?

— Dame, rappelez-vous la prédiction faite à Vorski, quand il était jeune : « Ta femme périra sur la croix, et toi tu seras tué par un ami. »

— Je ne pense pas qu’une prédiction suffise.

— Aussi ai-je d’autres preuves.

— Lesquelles ?

— Mes chers amis, cela fait partie des derniers problèmes que nous devons élucider ensemble. Par exemple, quelle est votre idée sur la façon dont j’ai substitué Elfride Vorski à Mme d’Hergemont ? »

Stéphane hocha la tête.

« J’avoue n’avoir pas compris.

— C’est pourtant si simple ! Lorsque, dans un salon, un monsieur quelconque vous fait des tours d’escamotage ou devine vos pensées, vous vous dites, n’est-ce pas ? qu’il doit y avoir là-dessous quelque artifice, l’aide d’un compère ? Ne cherchez pas plus loin pour moi.

— Hein ! vous aviez un compère ?

— Ma foi, oui.

— Mais qui ?

— Otto.

— Otto ! mais vous ne nous avez pas quittés ! Vous ne lui avez pas parlé ?

— Comment aurais-je pu réussir sans sa complicité ? En réalité, j’ai eu, dans cette affaire, deux compères. Elfride et Otto, qui tous deux ont trahi Vorski, soit par vengeance, soit par peur ou par cupidité. Tandis que vous entraîniez Vorski loin du Dolmen-aux-Fées, Stéphane, moi, j’abordais Otto. L’accord fut rapidement conclu, moyennant quelques billets et contre la pro-