Page:Leblanc - L’Île aux trente cercueils.djvu/63

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— Ah ! cria la Bretonne. Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que cela veut dire ?

— Quoi ? Qu’y a-t-il ?  »

Toutes deux avaient collé leur front contre les vitres et regardaient éperdument. Là-bas quelque chose avait pour ainsi dire jailli de la Dent de Sarek. Et, tout de suite, elles reconnurent le canot à moteur dont elles s’étaient servies la veille et dont Corréjou avait annoncé la disparition.

« François !… François !… articula Honorine avec stupeur. François et M. Stéphane !… »

Véronique reconnaissait l’enfant. Il se tenait debout à l’avant du canot et faisait des signes aux gens des deux barques. Les hommes répondirent en agitant leurs avirons tandis que les femmes gesticulaient. Malgré l’opposition de Véronique, Honorine ouvrit les deux battants de la fenêtre, et elles entendirent des bruits de voix parmi les crépitements du moteur, mais ne purent saisir une seule parole.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? répéta la Bretonne… François et M. Stéphane… Pourquoi n’ont-ils pas gagné la côte ?

— Peut-être, expliqua Véronique ont-ils craint d’être remarqués et interrogés à leur atterrissage…

— Mais non, on les connaît, surtout François, qui m’accompagnait souvent. En outre, les papiers d’identité sont dans le canot. Non, non, ils attendaient cachés derrière la roche.

— Mais, Honorine, s’ils se cachaient, pourquoi se montrent-ils, maintenant ?

— Ah ! voilà… voilà… je ne comprends pas… et ça me semble drôle… Que doivent penser Corréjou et les autres ? »

Les deux barques, dont la seconde glissait alors dans le sillage de la première, s’étaient presque arrêtées. Tous les passagers semblaient retournés vers le canot, qui avançait rapidement dans leur direction et qui ralentit lorsqu’il arriva à hauteur de la seconde. De la sorte, il continua de filer suivant une ligne qui se trouvait parallèle à la ligne des deux barques et distante de quinze ou vingt mètres.