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LES DOUZE AFRICAINES DE BÉCHOUX

— T’as peur pour tes Africaines ?

— Oui, si tu t’en mêles.

— N’en parlons plus. Débrouille-toi.

— Tu t’en vas ?

— Pas mèche. J’ai affaire dans la maison. »

Et, s’adressant à Gassire, qui les rejoignait et entr’ouvrait la porte :

« Pardon, monsieur, c’est bien ici que demeure Mlle Haveline, professeur de flûte, second prix du Conservatoire ? »

Béchoux s’indigna.

« Oui, tu la demandes parce que tu vois son adresse sur la plaque…

— Et après ? dit Barnett. N’ai-je pas le droit de prendre des leçons de flûte ?

— Pas ici.

— Je regrette. Mais j’ai une passion pour la flûte.

— Je m’oppose formellement…

— Flûte ! »

Barnett passa d’autorité, sans qu’on osât le retenir. Très inquiet, Béchoux le vit qui montait l’escalier et, dix minutes plus tard, l’accord s’étant fait sans doute avec Mlle Haveline, on entendit, qui descendaient du troisième étage, les gammes hésitantes d’une flûte.

« Gredin ! marmotta Béchoux, de plus en plus tourmenté pour ses douze Africaines. Avec cet animal-là, où allons-nous ? »

Il se remit rageusement à la besogne. On visita le rez-de-chaussée inoccupé, ainsi que la loge de la concierge, où, à la rigueur, on aurait pu jeter les paquets de titres. Vainement. Là-haut, cependant, durant tout l’après-midi,