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L’AGENCE BARNETT ET Cie

la flûte sifflota, agaçante et goguenarde. Comment travailler dans de telles conditions ? Enfin, sur le coup de six heures, chantonnant et sautillant, Barnett apparut, un grand carton à la main. Un carton ! Béchoux poussa une exclamation indignée, et saisit l’objet, dont il arracha le couvercle. Il y avait dedans de vieilles formes de chapeaux et des fourrures mangées aux vers.

« Comme elle n’a pas le droit de sortir, Mlle Haveline m’a prié de jeter tout ça, dit Barnett gravement. Elle est très jolie, tu sais, Mlle Haveline ! Et quel talent sur la flûte ! Elle prétend que j’ai des dispositions étonnantes, et que, si je persévère, je pourrai briguer, un poste d’aveugle sur les marches d’une église. »

Toute la nuit, Béchoux et Gassire demeurèrent en faction, l’un à l’intérieur, l’autre à l’extérieur, afin d’empêcher que le paquet ne fût lancé par la fenêtre à un complice. Et, le lendemain matin, ils se remirent à l’œuvre, mais sans que leur acharnement fût récompensé. Les douze Africaines de l’un et les titres de l’autre se cachaient avec obstination.

À trois heures, Jim Barnett se présenta de nouveau, le carton vide à la main, et fila tout droit, avec le petit salut affable d’un monsieur que l’emploi de son temps satisfait pleinement.

La leçon de flûte eut lieu. Gammes. Exercices. Fausses notes. Et soudain un silence qui se prolongea, inexplicable, et qui intrigua Béchoux au-delà de toute expression.

« Que diable peut-il faire ? » se demandait-il, imaginant tout un système de recherches effectuées par Barnett et qui aboutissaient à des trouvailles extraordinaires.