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Page:Leblanc - L’Agence Barnett et Cie, 1933.djvu/113

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LES DOUZE AFRICAINES DE BÉCHOUX

Un incident brusqua les choses. Une fin d’après-midi, Gassire et Béchoux entendirent le bruit d’une violente dispute qui venait du troisième. Trépignements, cris de femmes, cela semblait sérieux.

Ils grimpèrent en hâte les trois étages. Sur le palier, Mlle Haveline et Mlle Legoffier se battaient férocement, sans que les efforts de Barnett, qui se divertissait beaucoup, d’ailleurs, réussissent à les maîtriser. Les chignons avaient sauté, les corsages étaient déchirés et les invectives s’entrechoquaient.

On les sépara. La dactylographe eut une crise de nerfs et Barnett dut la transporter chez elle, tandis que le professeur de flûte exhalait sa fureur.

« Je les ai surpris tous deux, elle et lui, criait Mlle Haveline. Barnett, qui m’avait fait la cour d’abord, l’embrassait. Un drôle de type que ce Barnett ; vous devriez lui demander, monsieur Béchoux, ce qu’il manigance ici depuis huit jours et pourquoi il passe son temps à nous interroger et à fureter partout. Tenez, je peux vous le dire, il sait qui a volé. C’est la concierge, oui, Mme Alain. Alors pourquoi m’a-t-il défendu de vous en souffler mot ? Et puis, pour les titres, il connaît la vérité. À preuve ce qu’il m’a dit : « Ils sont dans la maison, sans y être, et ils n’y sont pas, tout en y étant. » Méfiez-vous de lui, monsieur Béchoux… »

Jim Barnett, qui en avait fini avec la dactylographe, empoigna Mlle Haveline et la poussa énergiquement vers sa chambre.

« Allons, mon cher professeur, pas de potins et ne parlez pas de ce que vous ignorez. En dehors de votre flûte, vous bafouillez. »