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L’AGENCE BARNETT ET Cie

en parlant, il appuyait la main sur le portefeuille, avec l’air de dire : « Tout est là. » Or, rien n’était là que les douze Africaines de Béchoux, les titres de Gassire et de vieux journaux. C’était assez. Le portefeuille de Touffémont fit tomber le ministère.

— Mais comment sais-tu ?…

— Parce qu’au sortir de la Chambre, à une heure du matin, comme il s’en revenait chez lui, à pied, Touffémont fut heurté maladroitement par un quidam, et s’étala tout de son long sur le trottoir. Un autre individu, complice du quidam, ramassa le portefeuille et eut le temps de fourrer un paquet de vieux papiers à la place des titres, qu’il emporta. Ai-je besoin de te dire le nom de ce deuxième individu ? »

Béchoux rit de bon cœur. L’histoire lui semblait d’autant plus plaisante, l’aventure de Touffémont d’autant plus savoureuse qu’il sentait dans sa poche les douze Africaines.

Barnett fit une pirouette et s’écria :

« Voilà tout le secret, vieux camarade, et c’est pour arriver à découvrir ces vérités pittoresques, pour respirer l’air de la maison et pour me documenter que j’ai dicté mes mémoires et pris des leçons de flûte. Semaine charmante. Flirt au troisième étage et divertissements variés au rez-de-chaussée. Gassire, Béchoux, Touffémont… petits pantins dont je tirais les ficelles. Ce qui m’a donné le plus de mal, vois-tu, c’est d’admettre que Touffémont ignorait les coupables agissements de son portefeuille, et qu’il trimbalait, à son insu, tes douze Africaines. Cela, ça me dépassait. Et la concierge, donc ! Quelle surprise pour