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Page:Leblanc - L’Agence Barnett et Cie, 1933.djvu/186

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L’AGENCE BARNETT ET Cie

qu’un défaut, c’est l’excès même de sa probité. Par scrupule, il peut se laisser aller jusqu’à l’oubli total de lui-même et de ses intérêts. Et cela va si loin que je refuse de le voir dans sa cellule ou de m’entretenir avec son avocat, et que je ne tiens aucun compte de ses objurgations. Je suis venu non pour me concerter avec lui, mais pour le défendre contre lui. Chacun son honneur. Si le sien est de se taire, le mien m’oblige à préserver notre nom de toute souillure. »

Et, un jour où on le pressait de questions, il s’écria :

« Vous voulez mon opinion ? La voici, tout crûment. Jean n’a enlevé personne : on l’a suivi de plein gré. Il garde le silence pour ne pas accuser quelqu’un qui est mort, et avec qui il était, j’en suis convaincu, en relations intimes. Que l’on cherche et l’on trouvera. »

Il cherchait, lui, avec acharnement, et il disait à Béchoux :

« Un peu partout j’ai des amis puissants et dévoués qui se consacrent à cette enquête, enquête aussi restreinte que la vôtre, monsieur l’inspecteur, puisqu’il ne nous manque, comme à vous, qu’une preuve, la fameuse photographie. Toute l’affaire est là. Une conjuration s’est formée, et vous ne l’ignorez pas, entre le financier Véraldy et les ennemis politiques de mon fils, aidés par certains membres du gouvernement, afin de trouver le document qui doit le perdre. On a tout bouleversé dans son appartement et fouillé dans toute la maison. Véraldy a offert une fortune à qui donnerait l’indication utile. Attendons. Le jour où le but sera atteint, nous aurons la preuve éclatante que mon fils est innocent. »

Pour Béchoux, il importait peu que cette innocence